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Tout sur Jean Michel Jarre
30 avril 2024

5 avril 1986 : Houston Texas (Disc International, 8 avril 1986)

 

ZOZE LITEUL MORNINGZ

Devant l’hôtel Méridien se dresse un énorme échafaudage recouvert de boiseries grises. Un trio de Français, arrive la veille à Houston, se dirige vers deux flics qui montent la garde devant ce qui sera la scène du concert d’ouverture du Houston Festival. « Excusez, savez-vous où se trouvent les bureaux du concert ? »

« Quel concert ! »

Le concert qui dix jours plus tard allait bloquer les autoroutes pendant six heures à cause des gens qui le regardaient, montés sur le toit de leurs voitures, I’autoradio à fond qui débitait la musique d’un français quasi inconnu du texan moyen. Ce même texan qui le lendemain tombait d’accord avec son journal du dimanche en lisant que « Jean. Michel Jarre avait redonné son me au Texas! ». Les trois petits français avaient en tout cas été mis rapidement au parfum de ce qu’ils pouvaient attendre de ces voisins de J.R. ! En moins d’une heure ils savaient que les six ordinateurs promis, les 4 CV Fairlight et les moniteurs télé n’avaient jamais atteint les méninges de ceux qui avaient dit s’en occuper. Les téléphones furent pris d’assaut : la derrière ligne droite du pari fou était entamée.

OH BOYS !

C’est l’histoire de ce show, cent pour cent français, et qui pourtant a battu les records américains sur leur propre terrain, qui va vous être racontée par les participants eux-mêmes, et parce que les records battus sont encore ce que cette aventure avait de moins fondamental : C’EST LE Prototype DU SHOW QU’lL FAUDRA FAIRE DEMAIN SI ON VEUT QUE LES CONCERTS ATTIRENT ENCORE DU MONDE. C’est pour cela que tous ses aspects, artistiques et techniques, VOUS intéressent. Et le fait qu’un million et demi de personnes réunies pour participer a ça ont offert à Houston sa nuit la plus tranquille – aucun délit – montre a quel point ça marche. Quelle que soit votre opinion sur la musique de Jean-Michel, j’aimerais vous présenter l’homme : après tout, si un politicien réunissait autant de personnes à un de ses meetings et qu’en plus il assure la sécurité dans une des villes les plus mal famées en se passant des flics, je reverrais le problème de ma carte d’électeur ! Mon plus gros problème est de choisir dans les déclarations recueillies celles qui vont vous être présentées ici pour vous faire rencontrer ces dingues magnifiques qui ont été le régal de quelqu’un qui aime depuis longtemps à rencontrer des gens d’exception. Le ton peut vous surprendre, mais pour paraphraser la formule de Dreyfus « on n’est pas mégalos puisque ça a marché », je vous rassure : on n’est pas cocoricos ni sentimentaux non plus. Pour la même raison.

LE STADE ULTIME DU SPECTACLE, DU RISQUE ET DE LA MISE EN QUESTION – LES CREDOS DE JEAN-MICHEL

Ca correspondait exactement à ce que j’avais en tête depuis un bon bout de temps et qui était de faire éclater un spectacle en utilisant I’architecture d’une ville ou d’une portion de ville. Mais tout en gardant les règles d’un spectacle. Je ne pense pas que les règles de spectacle comme les émotions sont des choses qui sont liées au progrès de même que je ne pense pas qu’on puisse créer des émotions nouvelles. Je pense qu’il y a des constantes humaines au niveau des émotions et je pense qu’il y a aussi des constantes au niveau du spectacle, au niveau de ce qu’on peut exprimer, ou de la façon dont on peut le faire en tout cas. Or depuis trente ou quarante ans il y a des tas de techniques qui ont évolué, qui sont devenues de plus en plus pointues c’est un tout petit peu dommage de ne pas les intégrer dans un spectacle qui est pratiquement à I’aube du 21è siècle, il faudrait donc pouvoir les uliliser et qu’elles servent la musique. Parce que n’oublions pas la musique : pour moi avant tout c’est un concert. C’est pas un son et lumière, ou c’est peut-être une version futuriste d’un son et lumière dans lequel c’est la musique qui est I’élément moteur. En fait I’idée du spectacle ce serait de vivre un film en 3D, et finalement la musique est le fil conducteur et le visuel permet de rentrer sa tète dans la musique, sa tête, son corps, toute son émotion, sa sensibilité, etc… C’est un concert complètement Hitech mais à I’inverse de ce qu’on a considéré depuis vingt ans comme le technopop, ou le cote Hitech dans la musique rejetait finalement tout ce qui procédait de I’émotion, de la sensibilité etc… Alors le véritable aspect neuf de Houston, c’est d’avoir utilisé une masse de techniques hyper pointues au service d’une émotion qu’on a essayé de faire passer, tous ensemble, et que le public a pris en pleine gueule. Et un public qui certainement était un des plus difficiles au monde puisqu’il était a la fois complètement blasé puisque le plus informé et en même temps assez premier degré, c’est-à-dire qu’on ne peut pas tricher : bluffer un texan c’est assez dur ! II fallait trouver une vérité pour moi c’est ça qui a marché C’est qu’on a fourni une vérité et les gens l’ont ressenti bien au-delà de l’aspect visuel. Disons qu’il y a eu un certain nombre de premières dans ce spectacle la plus fondamentale c’est le commando français qui est arrivé au pays des cow-boys et des astronautes pour faire un spectacle que les Américains n’avaient jamais vu. Je crois que depuis cinq six ans, il y a une baisse d’intérêt pour les concerts. A cause de ça, je pense qu’on est dans la même situation au niveau de la scène que le cinéma était quand la télé a commencé. D’un seul coup il a fallu que le cinéma repense ses propres structures, sa propre histoire pour survivre. Et Houston était une proposition, et je pense qu’on va en faire d’autres ensemble qui vont justement utiliser Ies techniques de pointe qui, comme par hasard, sont développées plus particulièrement en France. Parce que finalement le concept qu’on a pu développer avec toi c’est un concept qui a germé ici, l’écran géant c’est un concept spécifiquement français, des feux d’artifice synchronisés c’ est aussi quelque chose de spécifiquement français. Disons qu’on avait donc des techniques qui étaient là et il suffisait de les réunir autour d’un concept musical qui puisse être suffisamment libre pour pouvoir complètement intégrer les techniques visuelles. Et moi je ne crois pas du tout à l’illustration, je pense que le vrai impact, celui qui est universel c’est l’analogie et la métaphore et non pas l’illustration.

L ‘ARGUMENT

Ce qui m’intéresse, c’est, tout en étant honnête vis-à-vis des gens qui demandent le spectacle, qu’on puisse se servir de la commémoration du Texas et de l’anniversaire de la NASA et de la ville pour en faire autre chose. C’est ce qui m’a conduit à ces trois parties, Country Space, Urban Space, et Outer Space, je voulais essayer d’éviter le côté commémoratif et j’ai réfléchi. C’est-à-dire que finalement, ce qui fascine c’est l’idée d’un homme seul face à l’espace . C’est-à-dire que le cow-boy face aux grands espaces, l’architecte face à l’espace urbain ou le prospecteur de pétrole face à l’espace que je pourrais appeler énergétique, et puis le challenge ultime qui est l’homme face à l’espace intersidéral. II me paraissait clair qu’Oxygène était lié aux grands espaces et que des morceaux comme Souvenir de Chine (il y a plus de Fairlight, il y a plus de sons réalistes, industriels) ou même des morceaux comme Equinoxe IV qui étaient très structurés, très rythmés pouvaient coller beaucoup plus à la deuxième partie, à tout ce qui était Urban Space Rendez-vous était manifestement la troisième partie parce que j’ai conçu la musique en même temps que je réfléchissais au spectacle. Par exemple Rendez-vous II, qui est vraiment le morceau qui me tient le plus à coeur de tout le spectacle, je l’ai vraiment conçu en fonction de ce qu’on pouvait en faire visuellement, des ruptures, des accélérations, des ralentissements, pour justement l’exploiter. Et puis également le morceau de l’ Astronaute qui était un morceau complètement lié à Houston.

RON MC NAIR

L’idée, c’était donc de travailler avec Ron Mc Nair, qui était donc un joueur de sax. Pour que ce morceau puisse être joué par Ron dans la navette à l’occasion de sa prochaine mission qui aurait du être Challenger et que ce morceau joué, filmé et enregistré dans l’espace. soit reproduit reprojeté le soir du concert sur l’écran. Ce morceau tel qu’il est, est exactement le morceau qui avait été fait au départ. Avec Ron, on avait eu l’idée d’exposer le contraste entre l’infinité de l’espace (le côté extra dimension ne de l’espace était illustré par toute la partie synthé) et un homme paumé au milieu iIlustré par un saxophone absolument pas traité au niveau du son qui était complètement brut. II m’a dit que les seuls sons que tu entends, c’est les sons qui sont propres au corps, et donc j’ai eu l’idée d’utiliser tout simplement les sons du battement de coeur comme rythmique et lui m’a donné un son de battements d’un astronaute enregistrés par la NASA. Et après la tragédie de Challenger, le fait qu’il y avait des battements de coeur a évidemment pris une signification complètement différente, à la fois grave et très optimiste. C’est quelqu’un qui m’a complètement sidéré par le fait que c’était un scientifique de haut niveau, complètement excentrique comme tous les scientifiques de haut niveau, c’est pas à toi que je vais l’apprendre, et qui a mis une énergie absolument démente dans ce projet, beaucoup plus que la moyenne des gens l’aurait fait. Sa femme m’a dit d’ailleurs que c’était devenu la chose la plus importante de sa vie.

BlLAN PROVISOIRE

Le projet de Houston c’était un risque de haut niveau pour tout le monde et je suis reconnaissant vraiment à tous les gens qui ont participé à cette histoire d’avoir risqué au même niveau que moi. Mais en même temps ça a ce charme là. Le charme ultime de ce spectacle c’est de savoir qu’un commando de gens travaille pendant un an pour 90 minutes. C’est pour moi le stade ultime du spectacle, du risque et de la mise en question. Par rapport à l’aspect technique, c’est certainement le concert qui a demandé le plus de techniques différentes et toutes au service de la musique et ça c’était un aspect complètement Hitech qui a été réussi par des Français et ça c’est important.

ENVOI : A MA MAIRE !

Au cours du spectacle j’ai essayé d’établir un contact avec le public qui a bien fonctionné entre différents morceaux. Et à la fin j’ai même vu Madame le Maire avec son premier adjoint qui était là en train de danser au milieu des Hells Angels au premier rang, c’est une image que je ne suis pas prêt d’oublier. Avec sa permanente en bataille.

EST-CE QUE VOUS VOULEZ ME PRETER UNE SOMME INVRAISEMBLABLE

« LE PRODUCTEUR COMME ON LES AIME : FRANCIS DREYFUS

L’argent il fallait le trouver, et I’argent, comme on a la chance d’avoir une distribution internationale particulièrement importante, la grande idée a été – à partir du moment où je n’ai pas réussi à trouver aucun sponsor européen, les gens qui sont installés aux Etats-Unis. Mais la réponse était : on n’a pas de produits à vendre aux Etats-Unis, donc ça ne nous intéresse pas ! Donc le problème était simple, on avait la possibilité par le succès passé de Jean-Michel d’avoir une distribution mondiale fantastique , tout le problème était de persuader Ies distributeurs que j’ai à travers le monde . . « Est-ce que vous voulez me prêter une somme invraisemblable sur des revenus futurs. ” C’était un pari ! Alors notre charme français a joué et on a obéré nos futurs revenus pour les deux années à venir . Le problème c’est que ça a marché. Mais il est certain qu’on n’est pas des idéalistes non plus, qu’on sortait un disque au même moment qui s’appelait « Rendez-Vous », que trois jours avant le concert, le disque était sorti dans le monde entier. Les satellites ont balancé trois, cinq minutes de news en même temps à peu près dans le monde entier, qu’on a vu des premières pages de journaux dans au moins une quinzaine de pays: c’est un supplément de marketing qui, s’il est chiffrable, est chiffrable en millions de dollars. Le principe du vrai début américain de Jarre, c’était évidemment de présenter de la scène, les Américains ont du mal à concevoir un artiste qui ne fait pas de scène, et comme on ne voulait pas rentrer dans le trip des tournées, eh bien on a fait un million et demi de personnes, ce qui ne s’était jamais vu pour un concert musical, et puis on a eu trois networks de news, NBC, CBS et Turner, on a réussi a avoir le satellite pour toutes les chaînes américaines locales, et du jour au lendemain il est devenu un artiste MTV . On a aussi réussi à démontrer sur le vif que c’était le . crossover artist rare, c’est-à-dire « artiste tous publics », alors ii est évident que d’éviter le ghetto, le ghetto du rock, de l’avant-garde ou de la musique électronique, du jazz ou du pop, permet de faire des scores étonnants. C’est peut-être désagréable à envisager, mais il faut parler un peu comme ça, sinon on pourrait penser qu’on est des doux rêveurs, mégalomanes, je voudrais qu’on arrête un peu ce côté là, parce qu’on n’est pas ça, même si a 80 pour cent c’est le plan artistique qui est prépondérant, il y du rêve et des choses comme ça, mais faut avoir les pieds sur terre, parce qu’on a bien l’intention de suivre. Je crois aussi que tout le monde dans l’équipe savait que la production prenait des risques énormes, ce qui a été fantastique des le départ c’est qu’on a demandé à tous les gens qui ont participé de travailler à prix coûtant, et ça a été une volonté unanime de dire que si ça doit rapporter à chaque entreprise, ça sera plus tard, après le show. Je pense que tout le monde a compris que ce n’était pas une affaire commerciale, c’était une énorme aventure, on était une bande de français qui débarquait pour faire sauter les Etats-Unis. Et ce show a été diffèrent. La synchronisation de tous ces effets avec la musique et cette nouveauté sur scène avec la présence des ordinateurs qui a étonné tout le monde, cette visualisation des cues et des scores qui fait sortir du score de papa pour arriver au score d’aujourd’hui, tout ça a étonné tout le monde

RUNNING GAG

Le problème c’est que Michael Woolcock a été l’initiateur, c’était le seul contact qu’on avait. On a cru un moment qu’il représentait le Houston Festival et que le Houston Festival représentait la ville. Michael Woolcock ne représentait pas tout à fait le Houston Festival, et le Houston Festival ne représentait pas du tout la ville. Ce qui fait que finalement on s’est aperçu un mois avant le show qu’on n’avait pas d’interlocuteur .

A SUIVRE

Je crois que l’intérêt de ce genre de show est qu’on impose rien à personne. Moi j’aime à dire que le fait que j’aie à payer une place ou finalement j’entends mal, où je ne vois pas Ires bien, et où finalement on m’impose de rester une heure et demie assis sans bouger, sans fumer, je pense qu’il y a un côté contrainte par rapport au propos qui voudrait nous être présente. Je pense que c’est la forme qui n’est plus valable. On a une équipe qui est très soudée,qui a très envie de recommencer cette expérience: il est évident qu’on nous attend, au Japon, il est évident qu’il faudrait faire un concert en France, il est certain que l’Angleterre est un des objectifs, 88 nous verra certainement en Australie, et qu’on a deux projets importants aux Etats-Unis pour l’année prochaine, on a des demandes pour Vienne, le Brésil nous demande de faire quelque chose, mais il faut se concentrer sur le fait de faire des spectacles qui captivent tout le monde, pas seulement des grands spectacles pour étonner, mais être créatifs, trouver I’ endroit idéal !

RUNNING GAG

Sur le toit de l’immeuble qui appartient au FBI, on devait installer 30 lampes qui sont excessivement puissantes. A la première répette, des qu’on allume toutes Ies lampes, la puissance demandée par les lampes fait sauter toute l’installation du FBI. Alors le FBI de Houston, le FBl de la côte Est, coupé du monde en pleine guerre avec Kadhafi c’était un enfer pour eux ils téléphonent aussitôt à Washington en disant . « c’était pas possible, on ne peut pas laisser ces Français nous faire des trucs pareils, on n’a plus de communications avec le reste des Etats-Unis ni avec le reste du monde, enfin on est le FBl, faut pas rigoler avec ça » . Total grâce à la maire et au FBl Washington ils ont quand même fini par dire « Bien ils restent quand même sur le toit mais on ne peut pas leur donner la puissance nécessaire, il faut donc diminuer la quantité de lampes », ce qu’on a été oblige de faire.

Christian, c’est celui qui avait fait « Larousse » à Beaubourg. C’est un conteur inextinguible et pas seulement quand il a des budgets de plusieurs millions de dollars. C’est d’ailleurs à lui que vous devez la narration des péripéties de Rendez-Vous.

COMME C’EST LOGIQUE, CA FONCTIONNE TOUJOURS

Quand j’ai débarqué dans l’affaire, il y avait déjà des contraintes du genre ça se passe à tel endroit, la scène est à tel endroit et on est censé faire quelque chose qui ressemblera au plus grand spectacle avec des écrans, des lumières, des feux d’artifice et des faisceaux. A partir de ça qui était le désir de base, on a travaillé avec Jean-Michel sur quel était le fond de l’histoire, ce qui est arrivé à êrre la division en trois parties que l’on connait, Country Space, Urban Space et Outer Space, en fonction évidemment du fait qu’on était à Houston, que c’était l’anniversaire du Texas et l’anniversaire de la NASA. Et a partir de ça qu’est-ce que ça veut dire chacun de ces éléments. On a écrit tout ce qui concernait ces éléments. Country Space, c’est les pionniers, les chariots, la bataille d’Alamo, même la création du monde parce qu’avant que les cowboys arrivent il falait bien que le Texas existe. On a fait un certain ordre, et après on s’est dit « qu’est-ce qui va être la lumière, qu’est-ce qui va être I’image ? » Par exemple la première action de feu d’artifice est très claire là dessus c’était un pistolet qui était en rotation sur un immeuble, qui se fixait dans le sens de la hauteur, et à ce moment là, comme sortant du canon du pistolet il y avait six coups et c’était des feux d’artifice. Donc il y avait un raccord, toujours, entre les différents éléments pour que ça ait I’air d’un tout. Ce qu’il fallait absolument éviter c’est que chaque élément travaille dans son coin. C’est un peu je crois ce qui a fait la différence avec les autres shows, c’est qu’on a utilisé ces techniques d’une façon particulière. Ce qui est important, c’est que quand on fait la création d’un produit comme ça, on suive une logique complète . Les gens parfois ne voient pas que tu as suivi une logique, mais comme c’est logique, ça fonctionne toujours.

RUNNING GAG

Dans l’axe d’atterrissage de Houston International, les avions passent juste au-dessus du Skyline à une hauteur d’environ six cent mètres, c’est bas. Et les gens du contrôle aérien avaient demandé que le laser soit éteint si un avion passait. La sécurité avait donc dépêché deux personnes avec des jumelles qui devaient surveiller l’espace aérien et avoir accès à un bouton d’arrêt du laser au cas où il y aurait un avion. Tu imagines Jean-Michel en train de jouer de la Harpe Laser et tout d’un coup on éteint la Harpe et il fait « Attendez cinq minutes, un avion atterrit, on reprend dons cinq minutes » . Mais ces deux Américains étaient suffisamment motivés pour que la décision suivante ait été prise de concert avec eux à partir du moment où ils voyaient un avion, mettons dons la partie gauche du Skyline, ils tournaient rapidement la tête vers la droite en se disant qu’il n’y avait vraiment rien dons 1’espace et que avec des jumelles ils n’avaient rien pu voir de I’arrivée d’un avion…

Le fait que, par exemple le début était rouge et que ça passait au bleu, pour nous c’était la création du monde donc I’explosion du Big Bang, et puis après le refroidissement et la mer par exemple. Je suis persuadé que personne n’a su qu’on voulait faire ça mais comme pour nous c’était logique, il y a eu un fonctionnement qui fait que les gens ont participé même s’ils ne savaient pas exactement ce qu’on faisait. C’est ce qu’on a voulu faire tout le temps au cours du show.

 

 

MAIS QU’EST -CE QUE VOUS VOULEZ QUE JE FASSE DE PIANISTES ?

On peut dire qu’on peut donner une vie extraordinaire à des gens qui jouent du keyboard. On a essayé d’en donner à travers le computer Graphic, c’est-à-dire tous Ies scores sur computers qui permetlaient au niveau de I’image télévision d’avoir sur les stands des musiciens un jeu de vidéo qui était soit les scores soit les cues c’est-à-dire les informations qui disaient ce qui se passait au niveau visuel sur le Skyline, ou même au niveau musical, donc ces animations qui entouraient les musiciens permettaient au niveau de la vidéo et du film d’avoir une vie autour de chaque musicien Ce qui était pointu c’était le fait de faire travailler toutes les techniques dans une coordination qui soit une création agréable à I’oeil, astucieuse, qui va avec des rebondissements, des descentes douces, des remontées violentes, enfin de faire un film en une heure vingt. Donc d’avoir le même style de création et de rebondissements que dans un film.

RENDEZ-VOUS PREMIERE ET UNIQUE : CLAP !

Un million et demi de personnes, c’est énorme mais malgré tout, on se contentait pas de faire du record, c’est pas ça le propos. En fait, ce qui nous intéressait c’était d’en avoir une diffusion possible au niveau du monde enlier, donc à partir d’un film vidéo pour les chaines des différents pays, et c’était donc très important qu’on ait une bonne image. Si on regarde la scène, c’était carrément un studio et la vidéo était complètement repérée parce que pour des questions d’enchainements musicaux avec les visuels, les effets spéciaux, les feux d’artifice, le laser, tout fonctionnait avec un générateur de Time Code qui donnait une horloge en continu, et les équipes vidéo avaient ce Time Code dans leur car. Car le show était en fait piloté par de I’électronique, que ce soit au niveau des computers, ou de I’horloge, de façon à pouvoir avoir un déroulement au niveau des images et de la musique qui soit complètement raccord car c’était I’essenliel. Donc tout était fait avec le Time Code, les musiciens avaient une click.track dans les oreilles ils pouvaient se raccorder parfaitement avec I’ensemble

ET C’EST PAS FINI

On a pu réaliser une partie seulement de tous nos rêves et donc on a encore en réserve beaucoup de choses qu’on avait créées pour Houston qu’on n’a pas pu faire qu’on pourra incorporer dans d’autres shows, tout en améliorant en fonction des enseignements. On est persuadé qu’avec tout ce qu’on a appris et toute la recherche qu’on continue de faire, on pourra faire mieux, quelque chose de mieux fignolé, de plus créatif, de plus excitant pour les gens. L’idée de base dans ce style de spectacle c’est de recréer réellement une aventure en trois dimensions pour les spectateurs Les gens ont besoin de vivre quelque chose qui les prenne réellement, qui les emportent, ils ne veulent plus être passifs, ils veulent participer et c’est vraiment ce qu’on cherche à faire, c’est pour ça que le spectacle les englobe entierement et ils devraient avoir I’impression de le vivre eux.

LE VIEUX ROUTIER PLEIN PHARES : JACQUES ROUVEYROLLIS

C’est lui qui m’a surnommé « le prof », Un peu comme les Clair Brothers font le son de tous les concerts qui comptent, Jacques fait les lumières de tout ce qui se passe d’important sur les scènes de chez nous. Un fou pas fou et Iyrique, écoutez…

J’ai fait les lumières, avec Christian Bourret, avec Carotte, avec toute I’équipe et faut vraiment souligner que c’est bien le travail de toute une équipe française, pas d’un seul mec – Si le spectacle a fonctionné comme ça c’est déjà parce que la musique est excellente mais aussi la coordination parfaite qu’il y a eu entre tous les techniciens français, qui, jamais une seconde, n’ont perdu espoir d’arriver à ce qui s’est passé Et ça il faut le dire très très fort les techniciens français sont en train de prendre une grosse importance dans les spectacles mondiaux, je parle pas de la France, je parle international – La France a une grosse carte à jouer ils ont prouvé en tout cas qu’ils étaient à la hauteur techniquement, mais qu’ils dépassaient la technique pour une fois le spectacle commencé, devenir artistes, et ça il y en a pas beaucoup dans le monde, pas beaucoup.

FIAT GRAND LUX

C’est vrai qu’avec la musique de Jean-Michel, il y a que ce genre de lumiere, c’est-à-dire de Trooper qui peut fonctionner. Les trois quarts du matériel étaient à arc, c’est phénomenal la télévision nous demandait de diminuer un peu alors qu’en France on me demande toujours d’augmenter. Dans un concert normal, il y des structures de lumières qui délimitent un cadre de scène à I’italienne ; là, lorsqu’on s’est aperçu de I’ampleur, on s’est aperçu qu’on faisait un concert du 21è siecle, on s’est aperçu qu’on n’était plus dans les normes humaines, on n’avait plus de comparaison ! Donc je pense qu’on a eu un réflexe intelligent de ne pas mettre de cadre de scène, et de faire une scène très tres espac »e, qui allait parfaitement avec le reste des buildings et de ce qui s’ est pass » autour. Donc une conception d’espace. On a essayé de donner une lumière beaucoup moins brillante, mais diffuse, comme dans I’espace <ça a été fantastique, parce que Daniel Azancot pour moi, c’est une merveille . Il fait ses feux d’artifice comme je fais mes éclairages. J’ai pas trouvé en tout cas un technicien qui soit à côté de la plaque. Christian Bourret quand il a fait la mise en scène, était complètement dedans. Dès la première réunion il n’y a pas eu une seule fausse note, et ça s’est passé comme souvent on a rêvé bien avant.

RUNNING GAG

Répétition lumière sur la scène: quarante poursuites, des super Troopers et des Gladiators, ce qui se fait de plus puissant dans la poursuite. Et a Houston : ils ont des hélicoptères de la police équipés avec des petites poursuites – pour uoir ce que font les gens en dessous. Or quelqu’un de la police s est amené assez près de la scène, environ 150 mètres et a joué auec sa petite poursuite vers la scène. D’un seul homme, les poursuiteurs ont braqué les poursuites sur l’hélicoptère qui, complètement ébloui, affolé, a aterri en catastrophe dans le parking devant,nous. . Le pilote est sorti en Courant avec son pistolet à la main et comme il avait toujours les poursuites braquées sur lui, il s’est pris une planche qui protégeait des câbles électriques, il s’est étalé par terre. Ca a été un enfer. Il a tellement hurler qu’il a interdit de continuer la répétition. En pIus il a télephoné à ses petits camarades qui sont arrivés toutes sirènes hurlant, quatre voitures de flics, on a été obligés d’arrêter la répette !

COOL, OU LA SERENITE U.S. : C’EST CLAIR, BROTHER I

Un descendant des teutons qui s’appelle Eugène : c’est le technicien des frères Clair. Peut-être I’Américain le plus utile du show. Le flègme de Gene contraste avec notre bouillant méditerranisme : une page de vacances.

HAPPY BIRTHDAY

C’est notre vingtième anniversaire. Nous avons commencé par le Rock & Roll, et nous avons diversifié dans de nombreuses directions. Nous avons commencé avec de petits hauts-parleurs moniteurs et nous avons engagé beaucoup d’argent en recherche et en développement, et nous avons introduit le S4 il y a dix ans, qui est doucement devenu le standard industriel il semble que tout le monde compare ses produits au S4. Ces deux dernières années nous avons repris le developpement du S4, le HP a gardé le même look, mais il est techniquement réactualisé. Nous avons diminué le poids de 25 kilos, nous l’avons renforcé, et nous avons également changé de composants pour le rendre plus efficace

UN PALMARES QUI FAIT DU BRUIT !

Avant ceux-ci nous avons fait Live Aid qui a été un gros succès, nous avons fait Rock and Real qui fut aussi un succès plutôt énorme. Nous avons fait la première tournée Springsteen en Europe et aux States en exterieurs, celle des Jacksons en extérieur avant cela. Nous faisons aussi des tournées moins importantes Bruno Waher est un de nos clients suisses, Eddy Grant et Kenny Rogers, pour n’en citer que quelques-uns assez différents. Au niveau puissance, le concert d’hier était probablement équivalent à la plupart de ceux qu’on vient de rappeler, la différence est qu’on a réparti la puissance sur une plus grande surface que ce que nous faisons d’habitude Nous avions cinq sources entre la scène et les points distribués dans les parcs. Dans un stade, tout est relativement concentré, ici, sur plusieurs miles, il a fallu changer notre façon de procéder . C’est quand même le genre de chose où il est impossible de couvrir toute la zone, en particulier quand on parle d’un million de personnes, ce qui je pense a été au moins le cas

FUNNY FRENCHIES

En Europe vous avez davantage l’habitude d’avoir affaire à des langages différents, mais ici, tant que nous ne voyageons pas sur d’autres continents, nous n’avons pas ce cas de figure. lls parlaient bien anglais mais nous, nous devions écouter plus attentivement; entre Américains, on peut bredouiller des choses et on se comprend. Mais tout c’est bien passé en fin de compte. On est juste en train de dire qu’il a fallu parfois être un peu patient, mais ça fait partie du métier de faire ce qu’il y a à faire. Donc d’attendre quand ii faut attendre.

RUNNING GAG

Les répétitions étant entre 9 heures et 5 heures du matin c’est-à-dire pratiquement toute la nuit, après quelques heures de patience, les plaintes étaient si nombreuses que la police est venue et a exigé 100 dollars d’amende payables immédiatement sur la scène. Les musiciens sortent chacun 20 dollars, cinquante, Jean-Michel, les techniciens son ont payé les 100 dollars. La police est repartie et on a repris la répétition: du moment qu on avait payé l’amende tout allait bien.

Toujours un écran plus haut : Jean-Michel Quesne

Un diaporama ça n’a pas I’air révolutionnaire. Mais quand on le fait deux fois trop grand, il faut réinventer TOUTE la technique. Mais Jean.Michel a eu un mois entier pour le faire, alors…

A HOUSTON, LE PRIX DU METRE CARRE EST A DORMIR DEBOUT !

En fait, avec les techniques habituelles de projection géante on ne pouvait pas faire d’images plus grandes que 25 à 30 mètres, mais là, cela faisait 60 mètres de base et 120 mètres de haut. La dimension, cela entrainait à faire I’image plus grande que ce qu’on n’avait jamais fait, ce qui voulait dire bricoler les appareils pour augmenter la puissance, c’est-à-dire enlever des verres anticaloriques. Mais ordinairement on projette du film gélatine, or, si pour augmenter la puissance on enlève les verres qui diminuent la chaleur, le film n’est plus utilisable. Au théâtre, à I’origine, on projetait des verres peints à la main. Mais dans le spectacle en dehors du théâtre, ça n’est jamais employé comme cela : nous avons eu I’idée simplement de reprendre cette technique-là. Effectivement si on n’a que le verre et quelque chose qui tient à la chaleur dessus, on a plus de problèmes. On a donc imprimé les images en sérigraphie avec une encre, c’était une première étape. On a fait un diaporama comme on fait un 24 x 36 normal en multivision, ce qui permet d’animer I’image et de faire des effets très films d’animation, et ce que I’on sait faire en 24 x 36 normal. Donc on avait sur cet écran 8 appareils, une image dans le bas, une image dans le haut qui se recouvraient, et une image dans le centre. En haut et au centre on avait 3 appareils et dans le bas il y en avait 2. II y avait un problème de dimension de I’image : les plaiques que I’on utilisait faisaient 24 centimètres par 24 on en a fait 600 ! 40 mètres carrés. On a tramé les images pour avoir du modelé. Au niveau du film on a travaillé les images sur nos bancs de reproduction. Il y avail énormément de parallaxe en raison de la taille de I’écran : 120 mètres de hauteur situé à 50 mètres du sol. Il aurait fallu que I’axe des Pani soit à 110 mètres de haut, et la tour de projection n’était qu’a 25 mètres ! Ce spectacle a nécessité de s’installer dans un nouvel immeuble où la chaine de fabrication a tourné jour et nuit pendant 3 semaines ! On a eu trois semaines pour faire ces 600 plaques, tout compris : conception, découpage, montage, labo impression, cuisson et mise en couleur à la main. Seule I’imprimerie a été réalisée à I’extérieur En plus ça demande une précision parce qu’une fois que c’est terminé sur le verre on ne pouvait plus rien changer .

SHOW DEVANT !

Les Pani faisaient 6 kilowatts avec des lampes HMl, avec système d’amorçage, en fait il s’agit d’un arc qui se forme dans une ampoule, il n’y a pas de filament. Et c’est la suppression des anticaloriques qui a permis de doubler la base de projection. On a fabriqué des systèmes de volets programmables, des boitiers programmes par ordinateur, le problème étant que le changement de vue était manuel mais on arrivera un jour à un changement automatique. On avail un technicien par appareii qui changeait les plaques avec des gants alerté par un voyant sur le côté. Egalement, les techniciens étaient casqués pour recevoir des ordres plus précis. En plus on comptait sur un écran en plastique très Iumineux, mais Ies architectes du building ont eu peur du poids et du fait que le plastique, plus rigide, aurait pu arracher les huisseries métalliques sous la force du vent. Cela s’est vérifié puisque I’écran en toile s’est déchiré deux jours avant le concert ! II y avail un autre aspect qui était celui de la conception du spectacle, où il était nécessaire d’avoir une étroite collaboration avec toutes les autres équipes. Nous avons écouté la musique, et opéré d’après Ies directives de Christian Bourret afin d’accorder les couleurs des images avec les feux d’artifice par exemple. Ces images ont été une rupture avec nos réalisations précédentes, aussi bien au niveau du type d’image que du point de vue de la quantité, on avail 200 plaques d’habitude. Mais c’est un peu ce qu’on cherche à faire, ça va tout à fait dans le sens de ce qu’on essaye de promouvoir.

SI ON PROJETAIT SUR LA LUNE POUR AVOIR MOINS DE VENT…

Ca a confirmé I’avis qu’on avait d’aller dans le grand. On aime bien le risque. là c’ était parfait ! Les gens en ont eu marre de rester devant leur télévision, par rapport au petit écran, les gens vont se retourner vers des images plus grandes, c’est la seule issue pour le cinéma actuellement

LE POTE AUX SAPEURS : DANIEL AZANCOT

”C’est rare de trouver quelqu’un qui dans les artifices travaille d’une façon aussi artistique. La plupart du temps bien sûr ils sont branchés sur une sorte d’idée générale artistique, mais lui a vraiment dépassé ça pour trouver des concepts qui aillent avec la musique. Et en plus il y a une idée du clan, de fidélité, avec lui, qui est un aspect très important et qui moi me plait beaucoup” . J.-M. Jarre.

ON LEUR A JOUE UN TOUR INFERNAL

C’était nettement plus haut, plus grand que ce que je fais d’habitude, et la c’était intégré dans le spectacle. La vedette n’était pas le feu d’arlifice, le feu d’arlifice était un des éléments du spectacle. C’était peut-être un élément plus magique, un peu féerique, mais c’était un élément du spectacle. Et ce qu’on a voulu faire, c’était de faire des panaches de feu aux différents immeubles. Faire des arcs-en-ciel, puisque c’est le symbole de Houston, en tous genres: en monochromie d’abord, vert, rouge, jaune, avec différents produits qui montaient entre 20 et 200 mètres de haut et pour terminer en polychrome. J’ai joué sur la diversité des engins et des hauteurs. Ce qui était intéressant c’est que ça partait déjà de 325 mètres pour le plus grand immeuble. Ce que j’ai ajouté, c’est des mouvements de bombes . Les immeubles se parlaient, se répondaient, se lançaient les boules, j’ai essayé de balayer toute la Skyline en quelques fractions de secondes. Ce que les gens voient en une demi-heure sur le stade d’un grande ville de France, ça partait en 9 minutes. Au minimum il y avail 3 000 bombes ! C’est pas compliqué : on a mis trois jours et demi pour monter le matériel sur les terrasses. Les Américains n’avaient jamais vu de feux d’artifice synchrones. On le fait très couramment en France, bien sûr pas aussi important, ni aussi haut, ni aussi grandiose. A chaque fois il y avait une symphonie en bleu, en vert, puis tricolore (parce qu’il y avait le drapeau texan d’un côté et américain de I’autre – en même temps c’était le drapeau français..), donc pour chaque image, il y avait un très beau, très grand feu, mais traité différemment

RUNNING GAG

Après une heure de spectacle le Fire Marshall affolé par le dégagement de fusées dans I’espace et parce que Ies spectateurs avaient envahi la ville voulait arrêter le show. Le régisseur général, Philippe Cieutat qui lui dit que c’était impossible parce c’était tout computérisé et une fois que c’était lancé c’était inarrêtable. Et le Fire Marshall a couru partout et en s’adressant à tous les Français qui faisaient comme s’ils ne comprenaient rien. Et le feu d’artifice final qui était le plus important s’est déroulé sous ses yeux explosés. La bouche ouverte, regardant ce qu’il se passait, demandant au chef de la police d’arrêter le show. Mais c’était pas son jour et le chef de la police lui a dit : « écoute, je ne pense pas qu’on puisse arrêter le show » Il n’y a pas eu de blessés, les gens sont contents, il a qu’à laisser faire ».

Vous savez pas la meilleure : c’était un concert live !

Alors parlons des musiciens, de notre Diva et du petit génie qui faisait fonctionner tous ces engins ensemble. Avec une place particulière pour Michel Geiss, vous comprendrez vite pourquoi, et je vous jure qu’il n’y aura pas de jaloux…

MON SAINT-MICHEL : GEISS

« Je travaille avec lui depuis très longtemps et c’est certainement une des rares personnes en qui je fais une totale confiance c’est quelqu’un qui, pour moi, a des qualités tout a fait particulières qui sont des qualités d’humaniste. Quelqu’un qui est complètement éclectique dans ses choix, dans ses goûts, et qui couvre un très large horizon pas seulement de connaissances, mais d’affinités, d’aptitudes. II avait la charge de coordonner toutes les choses sur le plan musical, sur la scène, il a été à la base de ma rencontre avec toi comme celle de beaucoup d’autres dans l’équipe, Michel est un élément important de ce projet et des suivants évidemment . » JM Jarre

J’ai essayé de mettre des gens en rapport, pour la plus grande efficacité du show, je l’espère. Par exemple, j’ai présenté Arnaud de la Villesbrunne que Jean-Michel ne connaissait pas, Jean Poncet, pour ne pas le citer non plus, que j’avais rencontré lors d’une émission de télévision dans laquelle Arnaud était présent aussi.. J’ai aussi recruté les musiciens à la demande de Jean-Michel Parce que beaucoup de musiciens sont compétents, mais il fallait qu’ils soient disponibles un maximum et ceux qui étaient présents se sont dévoués un maximum. Et je crois que cette équipe s’est soudée et qu’elle est maintenant prête à recommencer . J’avais un de mes instruments préférés multiplié par deux : c’est l’ ARP 2600 (qui m’a fait rencontrer Jean-Michel alors que j’en faisais des démonstrations) , il permet de sculpter des sons avec beaucoup de possibilités, et il donne des résultats sonores très différents des samplers et autres machines d’aujourd’hui. II y avait aussi un Seiko DS250 que les gens ne connaissent pas parce qu’il n’est même pas importé en France et que nous avons eu directement par le Japon, mais il se trouve qu’il a des sons assez proches de ceux du PPG pour un prix très très inférieur. II a été utilise dans le disque . Rendez-Vous plusieurs fois.

LE MUSICIEN QUI NE FAIT PAS LE DETAIL: FRANCIS RIMBERT

Le premier truc qui m’avait étonné c’était le côté complètement fou, c’était pas clair du tout celle histoire-là, c’est-à-dire qu’ils devaient m’expliquer ce qu’on allait faire et la première rois que je l’ai vu je n’ai rien compris de ce qu’on allait faire et quand on a terminé le concert j’avais toujours pas compris ce qu’on venait de faire. D’abord ça n’a aucun rapport avec tous les autres concerts que j’ai pu faire déjà parce que ce qui était curieux c’est que Jean-Michel voulait absolument avoir le son du disque. Et c’est ce qui était marrant : de travailler avec de grosses machines assez sophistiquées des sons qui avaient été faits sur des machines non sophistiquées. Refaire des sons analogiques avec des digitaux c’est rigolo. Ce qui avait d’amusant c’était quand même l’orchestration puisque la grande idée c’était de faire jouer par exemple, des cordes et plusieurs parties d’Eminent par exemple des cordes alors que d’habitude avec des synthés on fait pas ça, on fait une partie de cordes et puis on la double et puis ça s’arrête là.

DES SCORES A SA PORTEE : PASCAL LEBOURG

Je me suis enfermé un mois dans le studio de Jean-Michel avec mes collègues, nous avons travaillé sur tout ce qui était partitions, très important, nous avons travaillé particulièrement avec Sylvain, et Leo Clarens qui a copié toute la musique qu’on a rentré après dans vos ordinateurs qui ont, remarquons-le, très bien marché le jour du concert Puis la rencontre avec de nouveaux musiciens, une entente formidable, Jean-Michel Jarre un type extra c’est pas souvent qu’on tombe sur des artistes aussi sympa. Je crois que c’est la première fois que je travaille avec une équipe avec laquelle je m’entends à la perfection Le gag mémorable! J’étais en train de jouer, j’écoute un accord complètement dissonant qui restait bloqué sur mon clavier. Je l’éteins, je rallume en prenant soin de tout remettre à zéro, en affichant ies registres après, mais en définitive je me suis aperçu que ce n’était pas un plantage MIDI, mais c’était les feux d’artifices qui tombaient du ciel et dont un débris était tombé entre ies touches, ce qui faisait que le clavier du haut de I’Eminent était inutilisable complètement. Ca fait un souvenir.

UN CALME FOU : DOMINIQUE PERRIER

Ancien de la Chine. J’ai Jean-Michel Jarre dans les pattes depuis un bout de temps, on a fait les disques de Christophe ensemble, il a fait le premier spectacle de Christophe à I’Olympia avec un piano qui volait, il a fait le premier spectacle à I’Olympia qui a étourdi le public parisien . Il commençait à sévir. Dreyfus était dans le coup, il était producteur Dreyfus lui, il s’occupe de I’artiste, il suit la carrière intégrale de I’artiste, c’est très très rare, je crois que c’est le seul.

Houston ? Surtout une ambiance différente de d’habitude parce qu’enfin on a réussi à répéter avec d’autres musiciens qui jouent du synthétiseur, on a réussi à faire un peu de synthé à trois ou quatre personnes, alors que d’habitude on est seul dans un studio à faire du synthé tout seul, le petit génie avec son synthé qui va tout nous faire, magique ! Alors que là on était 5 synthés avec chacun son petit placard et c’était très intéressant. On a réussi à se cerner les uns les autres et à se compléter . Ca me rappelle un peu mon enfance. Ca me parait plus naturel de jouer devant un million et demi de personnes. II y avait un côté naturel ! Feu d’artifice, tout ça, ça me parait complètement mégalo, mais en fait c’était très sympa. Le public était très bon : c’était un million de bon public. Vaut mieux jouer devant un million de bon public que devant cent abrutis qui comprennent pas pourquoi ils sont là.

RUNNING GAG

MERCI DOMI

Alors le souvenir que j’ai, c’est que quand on a parlé des partitions sur ordinateurs, je me suis dépêché de me faire des petits anti-sèches parce que je n’y ai pas tellement cru :ça va marcher. Si tu veux pour moi c’était un souci de plus parce qu’il faut déjà savoir qui va jouer quoi, alors si en plus il y a un écran…

Et à un moment j’ai un trou de mémoire et c’était vraiment synchro, j’ai tout suivi, j’avais la partition, donc j’avais brassé pour rien.

Et dans ma tête les écrans pouvaient pas dire la même chose que la partition, c’était impossible, mais finalement ça a été carrément « la chose » donc ça c’était complètement réussi, j’étais complètement épaté.

MEET OUR CHRISTlNE « DIVA » DURAND

Un jour Michei Geiss a debarqué à la maison, a emporté une cassette de moi et mon press book et de fil en aiguille je me suis retrouvée à Houston J’ai chanté dans le disque « Rendez-Vous » mais je suis surtout classique Jarre c’était moins de changement que ce que je pensais, des techniques de travail complètement différentes, mais quelque chose de très intéressant, des gens très intéressants, très amusants aussi

SYLVAIN DURAND, PRIX D’HARMONIE, CONTREPOINT , SOLFEGE, PIANO : IL EST RESTE TRES SIMPLE

En tant que musicien classique, il y a du travail mais il y a quelques problèmes, il y a trop de pianistes. En variété, le musicien classique peut être très utile. Souvent on a besoin de gens qui connaissent toute la musique à fond, toute l’écriture, toute l’orthographe de la musique, et ça aide beaucoup à gagner du temps, pour faire des partitions, des transcriptions, aider à l’harmonie, trouver des combines, apporter quelque chose justement que quelqu’un qui n’aurait pas cette expérience aurait du mal à faire.

Houston ? Une expérience extraordinaire, et dans ce que j’ai eu à faire ça rejoint justement ce que je disais tout à l’heure, c’est-à-dire que j’ai eu à faire la liaison entre Jean-Michel et les parties de choeurs à écrire, à composer d’après ce qu’il sentait, ce qu’il voulait, à lui montrer, et une fois que ça lui plaisait, j’ai fait des maquettes au synthétiseur , et après je l’ai montré au chef de choeur qui se trouvait à Houston, avec qui encore j’ai eu à travailler, c’était un travail assez spécial de voir comment ça se passait aux répétitions, et comment ils travaillaient, etc. C’est assez original de se retrouver avec un orchestre de synthés et ça marche très très bien, ça sonne très très bien, parce que chacun a sa façon de jouer, chacun a ses trucs dont il a l’habitude, et ce qui fait que le tout s’organise bien, sonne bien à l’arrivée. Au début je pensais vraiment avoir un trac fou, monstrueux, et puis absolument pas: déjà la sécurité dans laquelle on jouait, tout était bien prêt, on avait bien organisé le travail, ça créait une atmosphère qui nous mettait à l’aise et nous laissait nous occuper de notre look – sur scène, de bien « looker » c’est important – non vraiment de ce côté-là, content de jouer, aucune appréhension, pas de trac du tout. Toutes les parties qui avaient été faites avec beaucoup de difficultés en studio avec montage, tout était sur bande, mais tout ce qui était jouable était joué à cent pour cent.

COURS DU SOIR

On a fait des choses que les Américains ne connaissaient pas parce qu'il s’en tire plein des feux la-bas Mais il fallait trouver le truc qui les étonne, et je crois qu’on les a étonnés parce qu’ils ont découvert quelque chose, ils ont vu de la pyrotechnie autrement Nous avons travaillé avec des artificiers houstoniens, et je suis sur que maintenant ils vont faire des feux comme nous Un artificier de Houston m’a dit . nous on fait de I’artillerie, toi tu fais de I’artistique !

LE PROF PAR DISC

A force de faire n’importe quoi on se fabrique des pièges. Puisqu’on n’est jamais aussi bien desservi que par soi-même, I’interviewer m’a assomé de questions techniques. Alors on parlera de création artistique après le show de la rentrée…

Jean Poncet, comme les autres tu as été recruté par Michel Geiss qui connaissait tes antécédents en informatique musicale, en mise en scène et en audiovisuel ?

Oui.

Il t’a donc proposé de rencontrer Jarre pour définir l’incorporation de l’informatique centrale du spectacle et sa partie plus proprement visuelle. Et en fait vous vous êtes orienté vers une vision à moyen terme ou l’ordinateur deviendrait un contrôle de processus pour la gestion d’un spectacle en temps réel. Ce qui a nécessité une étude de configuration assez exceptionnelle ?

Tout a fait. .

Et tu as résolu cela en installant un compatible IBM AT assez musclé, je crois, co-processeur, 9 mega de mémoire sauvegardée, disques durs de 90 méga, le tout dans un chassis avec 20 slots et des cartes d’entrée/sortie contrôlées par 68000 pour avoir d’énormes capacités de transfert. Il a fallu aller chercher les éléments aux States et c’est Informatique Française qui a assuré la configuration de ce bricolage.

Très juste.

Ton système est donc capable de gérer un grand nombre d’appareils du moment qu’ils ont une interface informatique, MIDI ou SMPTE. Apparemment, pour Houston tu n’as eu que le temps d’installer des processeurs vidéo et des ordinateurs pour afficher les partitions des musiciens.

Oui, des CVI Fairlight pour les premiers (merci Los Angeles) et des IBM PC pour les seconds (merci Computerland) ! .

Tu dis merci parce que tu t’es fait sponsoriser, n’est-ce pas !

!!

J’ai meme appris que Computerland offre de fournir la logistique de tous les prochains concerts. Ce qui promet, eu egard à I’efficacité dont ils ont fait preuve.

Les nouveIles vont vite.

Alors vous avez rentré tous les musiques de Jean-Michel dans des séquenceurs personnal Composer de Jim Miller, vous les avez imprimées sur une imprimante rapide Dataproducts et vous avez fait défiler les partitions devant chaque musicien pendant le concert. Ils m’ont dit que ça leur avait été utile, d’ailleurs. D’autre part, pour la vidéo, tu as réalisé un interpréteur de commandes et un programme de contrôles pour les CVI qui a permis d’animer des images pendant une heure et demie sur les écrans TV qui étaient aussi à côté des musidens. Qu’est-ce que tu affichais là-dessus ?

Les cues.

C’est-à-dire les repères du déroulement du spectacle les départs de feux d’artifice, etc. pour que les musiciens et Jean-Michel puissent suivre facilement le déroulement des opérations. Et vu ta tronche, tu as travaillé jour et nuit depuis novembre. Mais tu n’étais pas seul. Il ne faudrait pas oublier Loic de Mantaignac, Dino Lumbroso et Dominique Boucher qui ont édité les partitions relevées par Leo Clarens et jouées par Didier Egea, Pascal Lebourg et Sylvain Durand. Non plus Daniel Sultan qui a fait les handlers de ton système loufoque. Et en plus que tu as recruté sur place BrIan James et Fiona Commins qui t’ont fait tes éditions et ton secrétariat…

Je pourrais en placer une ?

Je sais, tu vas me dire qu’ils ont un peu travaillé pour tout le monde… Enfin je suppose qu’au milieu de tout ça tu travaillais de temps en temps ? Mais puisque tu avais du temps de libre pendant que tes esclaves se tuaient à la tâche, qu’est-ce que tu as ramené comme souvenir de Houston ?

La vision des hordes du public qui traversaient les rues transversales à perte de vue à la fin du concert.

Ah oui, parce que tu figurais sur scène pendant que les autres souffraient dans l’ombre. Et bien sûr tout a bien marché et tu prépares déjà les étapes pour le prochain événement. Tes configurations semblent vraiment assez puissantes pour tenir le choc : j’ai chronométré un rapport de vitesse de plus de 60 entre tes bricolos et un PC standard sur un traitement de texte. Les prix sont pas mal non plus : j’ai rencontré un copain qui a essayé de faire le même genre de choses dans un projet telecom et à qui c’était revenu deux fois et demi plus cher.

Merci.

Enfin, y-a-t.il quelque chose que tu voudrais ajouter ?

J’ai jamais vu un interviewer pareil ! (Propos recueillis sur une fin de cassette le 8 avril 86.)

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